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Date de publication
Age-cible

L'invention des dimanches

Sélection des rédacteurs
Album
à partir de 8 ans
: 9782812623066
17.00
euros

L'avis de Ricochet

C’est à une stupéfiante aventure que nous invite cet album-tableau-poème à quatre mains. Les autrices Gwenaëlle Abolivier et Marie Détrée embarquent le lecteur comme en leur temps Blaise Cendrars dans Prose du Transsibérien, dans un voyage au long cours sur l’un de ces paquebots porte-containers, placides cuirassés posés sur l’eau comme en apesanteur, qui traversent les océans pour combler nos frustrations modernes.

Comme pour un long poème, Gwenaëlle Abolivier égrène les jours qui perdent leur dénomination courante pour devenir des repères temporels entre le départ et l’arrivée : J+1, J+2…, J+28…, +50… Suspendus dans la litanie, quelques dimanches, jours chômés pour les marins qui, loin de respecter un quelconque calendrier, choisissent d’arrêter de travailler et de laisser couler les douze heures de repos comme une longue sieste, languide et à la monotonie volontaire. C’est « L’invention des dimanches ».

Le texte est posé sur la page, une ligne pour une phrase, poème en prose ; le découpage suit le fil des réflexions rythmé par le balancement du navire plus ou moins dérangé par un bulletin de météo marine soumis à la latitude et à la longitude. Car c’est dans l’environnement que réside la variation à laquelle Marie Détrée, qui peint les mers et les océans depuis longtemps, rend un incroyable hommage. De sa vision adaptée aux reflets sans cesse changeants du ciel et des vagues, elle crée un univers tout quadrillé de couleurs, un kaléïdoscope où s’incruste parfois la fulgurance dorée d’un coucher de soleil à travers un nuage. Une autre fois c’est la brume qui noie l’horizon le plus proche pour ne laisser percevoir, illusion auditive, que le clapotis des vagues sur la coque, petites virgules bleu turquoise. Une fois libéré de l’opacité, le mastodonte file, et trace sa route, son sillage sinueux froissant la régularité verticale d’un paysage où l’eau et le ciel se rejoignent.

Les hommes là-dedans sont comme les machines : programmés pour anticiper, affronter, résister ; chacun a son surnom, et ses habitudes, mais chaque singularité s’efface parfois sous l’uniforme, béret à ponpon et encolure carrée, ou bien sous la luminosité fondante d’intérieurs perpétuellement assombris, où les écrans de contrôle guident les marins d’aujourd’hui comme les étoiles ceux d’autrefois. Des espaces traversés on perçoit les frontières à la qualité de l’air, l’apparence de l’eau, que Gwenaëlle Abolivier décline en belles métaphores. Dans la salle des machines, antre du bleu le plus sombre, où seuls scintillent les chromes, les cadrans pulsent comme un cœur. C’est le bruit des moteurs qui crée la lumière, un vrombissement continu qui vrille l’entendement et fait oublier la mer aux mécanos. On s’en échappe en montant sur le pont. Là, s’écoulent les ciels, toujours différents, que Marie Détrée n’en finit pas d’inventorier quand l’album n’a pas assez de pages pour les restituer tous. C’est qu’il est long, ce voyage, on compte les jours, mais leur durée s’étire, seulement interrompue par la noirceur insondable des nuits, au sein desquelles même le plus imposant navire ressemble à un fétu de paille…

Et le périple se poursuit, sa monotonie bercée par le chant du texte, l’alignement des phrases, et la beauté qui surgit des mots, instantanément éclairée par l’alchimie colorée qui l’accompagne, transporte le lecteur dans le monde de la poésie… Une merveille d’album, une initiation à la contemplation.

Présentation par l'éditeur

Ce livre raconte un grand voyage : la vie à bord d’un bateau avec ce temps qui s’écoule de façon si particulière, oscillant entre moments d’ennui, de silence, gestes répétés, journées à patienter etc. Il faut dans cette navigation au long-cours composer avec une élasticité particulière du temps et accepter d’y perdre ses repères. C’est pour cette raison que les marins décident, de façon aléatoire

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