L'oeil de Chaac

La ou les raison(s) de la disparition de la civilisation maya demeure(nt) mal connue(s). Emma Lanero en donne sa vision personnelle et fictionnelle, à base d’une pierre étrange venue d’on ne sait où. Lorsque les hommes malmènent trop la nature, la pierre s’arrangerait pour être repérée, et, au contact de sang, elle provoquerait des catastrophes naturelles. Bien cachée dans un temple, la pierre n’est retrouvée qu’en 1965, puis à nouveau dissimulée. En 2005, elle refait surface sur fond de destruction de la forêt, de pollution de l’eau par l’orpaillage. Elle atterrit à la Nouvelle-Orléans, portée par des personnages dépassées par son pouvoir, et provoque un ouragan. Chaac, le dieu de la pluie, n’a pas dit son dernier mot…

En chapitres courts, le roman est brusque, mouvementé. Ce rythme haché va de pair avec des personnages souvent violents, aux vies d’aventuriers. S’ils ne sont pas très nombreux, on tend à les perdre facilement, et c’est la pierre, la « Chose », qui prend le dessus.

Le roman fait penser au modèle d’Indiana Jones pour les aspects de quête et de rebondissements effrénés, mais l’atmosphère est beaucoup plus dure. Et je ne parle même pas du climat moite, épuisant… En effet, la pierre n’intervenant que lorsque la Terre est menacée, la noirceur humaine est ici omniprésente : antiquités collectionnées sous le manteau, exploitation d’autochtones dans les mines, armes mortelles dégainées au moindre mouvement… La spiritualité sauve à peine le monde, avec des chamanes qui ont parfois renoncé à leurs dons (Xingu), ou d’autres qui s’entredéchirent (Kaya et Aru).

Dense pour ne pas dire touffu, le roman exige donc aussi de se laisser guider par un goût du surnaturel, de la fantasmagorie, sans oublier le tréfonds écologiste. Maîtrisé d’une main de fer, écrit sans hésitations, l’ouvrage ne ressemble qu’à lui-même : on aime ou pas, la lecture est toujours intéressante.