L'oranger et autres contes

Un joli titre, et une belle illustration de couverture très attirante, pour un recueil de récits plutôt que de contes, du grand auteur chinois Cao Wenxuan, dont j’avais beaucoup apprécié La peinture de Yulu [1]. Des histoires qui nous invitent à réfléchir sur les relations entre les hommes, la valeur de l’amitié, la solidarité, le respect dû à chacun, la considération pour l’expérience, l’âge, la qualification. Le ton est plutôt grave, sauf pour le tout premier récit où des enfants imaginent jouer une bonne farce à leur camarade endormi, lui dont la candeur et la gentillesse vont complètement retourner la situation ! Par suite, les récits mettent en scène beaucoup de personnages laissés pour compte, des animaux exploités, des enfants livrés à eux-mêmes, des hommes déclassés, des exclus de la société, qui se heurtent souvent au mépris, à la violence, à l’absence totale d’empathie ou de compassion. 

Sans compter des choix linguistiques dans la traduction qui peuvent gêner la lecture, on s’interroge sur la sélection de ces textes mélancoliques, qui nous font parfois même frémir d’horreur. Cao Wenxuan est comme Maupassant un vrai peintre de l’environnement, mais ses descriptions bucoliques d’une campagne magnifique, où l’eau est omniprésente, forment juste un bel écrin à son naturalisme sans fard, même pour les plus de quatorze ans.

[1] Mis en images par Suzy Lee, Éditions Rue du Monde, 2022.