Louis Ier, roi des moutons

Par un jour de grand vent, recevant une couronne littéralement du ciel, Louis le mouton est devenu Louis 1er. Dès lors, il lui a fallu organiser son destin de monarque : un sceptre, un trône, et des sujets bien sûr. La petite vie de Louis 1er suit son cours, au présent et au conditionnel dans le texte (le Versailles rêvé n'est peut-être que le reflet des ambitions de notre mouton). Il y a des dérives, et les moutons qui ne sont pas blancs sont chassés du pré. Et puis, par un autre jour de grand vent, la couronne s'envole. C'est la fin de la monarchie chez les ovins. La fin ?

Grand format, illustration un peu floutée, horizon lointain au soleil rosé, boules de laine perdues dans la campagne : Olivier Tallec s'amuse dès le crayon à dessin. L'histoire se présente à l'avenant ; elle se considère à un niveau général – le pouvoir va et vient – ou dans les détails. La monarchie absolue est ainsi moquée dès son origine divine, en passant par le ridicule de son décorum, et jusqu'à son évolution forcément arbitraire (intelligente interprétation du racisme). Le mouton, bête réputée placide, se révèle violent. Une fois le lecteur bien captivé, la dernière page se découvre alors avec un ravissement qu'il n'avait pas anticipé : la boucle des tyrans est bouclée, pour le pire et pour le rire.