Lulu n'est pas superstitieux mais quand même...

Lucien adore tout chez sa fantaisiste grand-mère Mamina, à l’exception de sa cuisine déplorable et de sa propension à la superstition. La vieille dame se pique même de voyance, et, parce qu’elle a cassé net une cuillère en bois, prédit à son petit-fils des malheurs en cascade autour d’eux. Dans la semaine, effectivement, Lulu se casse la jambe en jouant au foot au collège. Mais ce n’est pas tout : le professeur rentre dans un arbre, la directrice tombe dans les escaliers, son fils se fait mordre… Munie d’un livre tibétain, Mamina préconise l’antidote : il faut qu’elle parvienne à croiser, dans la même journée, trois paires de jumeaux. Lucien va évidemment s’employer à aider le destin…
Bien troussé avec un narrateur souvent drôle sans le vouloir, le court ouvrage mène son intrigue entre un quotidien mi-scolaire, mi-familial et des rebondissements gentils quoique musclés (la fracture, l’hôpital, etc). Le jeune garçon reste résolument incrédule et il refuse de croire un seul mot de ce que raconte sa grand-mère. Il invite par là le lecteur à réfléchir sur la notion de superstition, un phénomène qui envahit facilement nos vies quoiqu’on en dise, à différencier de la rumeur mais tout aussi ravageur qu’elle. Longtemps située dans la chambre d’hôpital du héros, l’histoire parvient à garder un caractère prenant, voire piquant. Il ne fait aucun doute qu’à l’issue du roman, vous énumèrerez toutes ces petites phrases qu’on vous aura assénées par crainte, par protection, et qui, peut-être, dirigent encore inconsciemment vos actes… Les illustrations modernes aux cadrages variés complètent avec vivacité l’ensemble. Ne cherchez toutefois pas le chat noir, il est curieusement absent.