Ma gamoussa

Une « gamoussa », c’est une vache ! Ou plutôt, une bufflonne puisque Satomi Ichikawa nous transporte au bord du Nil où vivent Aziz et son père, paysan.

Quelques mots d’Aziz, quelques traits fins et légers et l’autrice-illustratrice plante le décor : le père enturbanné, muni d’une houe, penché sur la terre ; Aziz assis, méditant dans sa djellaba rayée et un petit carré de terre entouré de palmiers, entre lesquels, toute menue, une felouque signale le fleuve nourricier….

Pour changer le quotidien de ce pauvre paysan, le recours à une bête de trait s’impose. Nous suivons le père et son fils au marché. Immédiatement nous faisons connaissance avec Gamoussa, nom local de « bufflonne ». À voir les os saillants de son arrière-train, le lecteur doute de la sincérité du vendeur : « Je vous fais un prix, vous faites une bonne affaire ».

Le récit se construit à partir de ces prémisses : la gamoussa, destinée à travailler s’y refuse. Dès lors entre le père qui attend ce service et le fils lié d’amitié à « sa » gamoussa, un différend s’installe et menace la vie de l’animal.

Heureusement, la gamoussa se sauve et subtilement nous quittons le réel pour une Égypte mythique que domine le sphinx lion, fort et sage… L’illustratrice utilise les jeux de regards avec malice et nous apprécions !

Une belle histoire d’amitié entre un enfant et un animal comme les aime Satomi Ichikawa pour le plus grand plaisir des jeunes lecteurs. Amitié et délicatesse des sentiments, découverte d’une autre civilisation, rudes réalités : un livre plein d’enseignements tout en nuances.