Majina n'est plus dans ses baskets

Petit Carléro a vraiment de la chance. Il a sœur chérie et complice de jeu, Majina. Or, depuis quelque temps, il a remarqué que « Majina est bizarre-bizarre ». D’ailleurs, il a entendu la voisine dire : « Majina n’est plus dans ses baskets ».

Petit Carléro va prendre cette expression au pied de la lettre… Si elle n’est pas dans ses baskets, où est-elle ? Et qui, alors, y est, à sa place ? L’illustration de Vincent Bourgeau présente le problème : Majina, casque sur la tête, les yeux dans le vague, a des allures de zombie ; derrière elle, inquiet, muet et perplexe, le petit frère. On sent la réflexion de Carléro qui tente de trouver un sens à ce qu’il a entendu. Peu à peu, il élabore une théorie magique (ou plutôt maléfique) pour expliquer la substitution de sa sœur par une « fille qui ressemble comme deux gouttes de pluie ».

Le ton du récit est mi-grave, mi-enfantin, Carléro (se) convainc que la personne qu’il voit ne peut pas être sa sœur. Il cumule les preuves : avant, ils jouaient ensemble ; maintenant, elle le rejette. Les situations imaginées par l’autrice Julie Cazalas-Caïe suscitent le rire : la culture de l’adolescence vue par Carléro, le rejet total (« si tu rentres, t’es mort »), les tatouages, tout suscite son incompréhension, voire sa détresse puisque ses parents ne disent rien, que Majina se met en colère, etc.

La diversité des tons, humour, gravité, interpellations directes du public, vraisemblance des situations, coopération entre frère et sœur, éloignement, parents pris à partie, l’appel à la magie pour comprendre, complicité entre autrice et illustrateur, composent un album plein de fantaisie et de finesse sur la relation petit frère / grande sœur rarement analysée. Un album qui respire la tendresse.