Mémé Roc, Papy Blues

Franchement, imposer à Joséphine, dix ans trois quarts, des vacances chez sa Mémé ronchon, tout ça sous prétexte du travail des parents, est un supplice qui « devrait être interdit ». Elle l’affirme haut et fort et, quand la portière de sa mère claque, elle se sent abandonnée. Triste sort d’une petite dernière.

Pour preuve, elle énumère ce qui lui manque... même pas de téléphone ! Les jeunes lecteurs et lectrices compatissent instantanément même si certain·e·s pourraient l’accuser de mauvaise foi. Pour Joséphine, cela ne fait pas de doute, la campagne c'est seulement pour les moins de sept ans ou les personnes âgées.

Elle reproche en particulier à sa mamy son travail au jardin et répugne aider sa grand-mère à équeuter les haricots ou écosser les petits pois.

Pourtant, au bord de l’eau, en balade, Joséphine rencontre Sam, petit garçon timide qui vit chez son grand-père Fernand (très différent de la grand-mère de Joséphine) et, lui, il aime ! Fils unique, de parents séparés, gamin curieux et cultivé, il est l’opposé de Joséphine. 

Des chapitres courts, un ton direct et un récit à la première personne mettent en valeur des thèmes variés et actuels bien cernés par la narration tels que les relations familiales entre générations ou au sein de la fratrie mais aussi l’écart entre ville et campagne. Le jardin, par exemple, la plaie ou la paix ?

Entre enfance et adolescence, même dans ses excès, voire ses stéréotypes, Joséphine est touchante et Laura Bennevault suscite l’empathie pour son héroïne. Elle traite avec finesse aussi les portraits des grands-parents dans leurs manières de gérer la solitude : entre Fernand qui vit dans ses souvenirs à travers la musique et Paulette qui les refuse en les enfermant, le sujet de la relation au passé et aux autres suscite deux réponses différentes à une même question : comment réagir face au temps qui passe ?

Pour vibrer avec Joséphine et Sam et peut-être en tirer une morale positive, un roman délicat et chaleureux.