Moabi

Moabi, du nom d’une espèce rare de la forêt tropicale, habite ce luxuriant album de Mickaël El Fathi, construit comme une ode à la forêt. L’arbre nous raconte l’évolution du monde, de son origine à la rencontre avec l’homme. Le premier paysage, aux rondeurs féminines, est accueillant pour la graine. Dans un monde en évolution, émergent la tige, la branche, le tronc. Lien entre la terre et le ciel, les racines plongent dans les entrailles du monde et le système racinaire est comme l’envers de la profusion végétale de surface. Tout en couleurs, tout en douceurs, les formes et les dessins de l’auteur portent un lyrisme de ravissement. Dans l’univers végétal apparaissent les animaux en symbiose : l'élégant oiseau sur la branche, les singes agiles le long des ramures. Tout va bien jusqu’à l’apparition de l’homme et sa maîtrise du feu, rupture fondamentale et origine de la dégradation de la relation entre l’homme et la nature.

Le texte qui se love et roule au sein des images accompagne le message construit lentement comme un phénomène patient de régression jusqu’au moment où, exténué, l’homme misérable se console contre la paroi de l’écorce rouge. Les compléments documentaires, donnés par Francis Hallé, enrichissent le message. Cette information finement distillée en forme de calligramme arachnéen, tranche avec l’exubérance colorée de l’ensemble.

Long poème visuel, cet album exalte la beauté de la nature. Une leçon, un espoir, une respiration, utile à tous, un chant du monde.