Moi et les autres

L’enfance est le moment où se construisent les sociabilités et s’exprime légitimement le besoin d’appartenir à une « bande ». Mais comment affirmer en même temps sa personnalité ? Être soi parmi les autres, c’est toute la problématique développée par ce petit album dont le titre parle de lui-même Moi et les autres.

Pour mieux capter l’attention du lecteur, les autrices ont eu la bonne idée de s’appuyer sur la métaphore très symbolique de la meute de loups. Les dessins au crayon, sobres et tout en finesse de Cecilia Ferri sont à ce titre particulièrement réussis par la force évocatrice qui s’en dégage (loups aux yeux vides, jeux d’ombres et d’apparence avec les effets de masque, déguisements..). Cette illustratrice italienne, diplômée de l’école des Beaux-Arts de Bologne, s’était fait remarquée en 2021 aux côtés de Davide Cali dans C'est maintenant ou jamais, mettant en scène de façon tout à fait originale deux retraités. L'album avait d'ailleurs déjà été publié chez PassePartout, une maison indépendante née en 2011 de la fusion de deux petits éditeurs italiens.

Le duo formé avec l’autrice, également italienne, Amanda Cley, qui signe ici son premier ouvrage, fonctionne bien. À partir d’un texte minimaliste (pas plus d’une phrase par page), sans jugement ni discours moralisateur, le jeune lecteur est ainsi invité à s’interroger sur son positionnement par rapport au groupe, à l’instar du petit garçon du livre déguisé en loup.

Au final, cet ouvrage plutôt atypique apparaît comme un outil intéressant pour amener de façon simple une discussion autour de thèmes comme l’identité, la capacité à dire non, à assumer ses propres choix face aux idées dominantes ou encore sur la question du harcèlement scolaire.