Moriarty et les Trois Reines

Sherlock Holmes a disparu aux chutes de Reichenbach, et son infâme ennemi Moriarty est mort. C'est ce que vient constater Frederick Chase, enquêteur américain de l'agence Pinkerton chargé d'une mission à propos d'un mafieux yankee ayant traversé l'Altlantique, Clarence Devereux. Pour contrer le nouveau maître du crime de Londres, il s'allie avec Athelney Jones, inspecteur à Scotland Yard. Une course-poursuite rythmée à travers Londres commence...

Pour son deuxième roman autour de l'univers de Sherlock Holmes (après La maison de soie), Anthony Horowitz a choisi l'hommage aux personnages secondaires, et en particulier tous ces pauvres policiers malmenés par le génie Holmes. Nous croisons des noms entendus à travers des enquêtes, nous retrouvons des méthodes copiées avec admiration, nous sillonnons Londres sans relâche si ce n'est une tasse de thé de temps en temps. Des bas-fonds de la ville à la Légation américaine, l'auteur s'amuse à nous perdre, invente des intrigues miniatures dans la grande, bref nous tient en haleine. La narration de Chase est alerte, partie prenante autant qu'observante à la manière de Watson.
Pour nous, aucun doute, le méchant est Clarence Devereux, et il reste juste à le confondre. En attendant, nous savourons les collusions, parfois violentes, entre les deux parties de ce jeu du chat et de la souris. Oui, mais... Arrive la page 299, et là, je vous renvoie à Agatha Christie (à vous d'enquêter un peu). Anthony Horowitz brouille les codes comme jamais son prédécesseur n'avait osé le faire, et use d'un procédé diabolique, toujours efficace quand il est bien maîtrisé. Evidemment, vous aurez envie de parcourir à nouveau les trois cent pages d'avant la révélation, de comprendre ce que vous avez manqué. Tout est dans la scission entre le récit lui-même, et les dialogues : effectivement, on ne nous a pas menti directement... A cette qualité-là, on attend le troisième tome.

Le roman est suivi d'une nouvelle inédite, Les trois reines, évoquée dans le texte. Diaboliquement pensé, on vous dit !