Nick's blues

Depuis le suicide de son père, chanteur de blues torturé, Nick vit seul avec sa mère. Le quotidien est chiche, l'environnement de la cité de banlieue difficile. Un soir, en rentrant de son petit boulot dans un restaurant, Nick croise des connaissances au pas pressé. Un peu plus loin, la police l'arrête et le soupçonne d'un vol doublé d'une agression : tous les adolescents se ressemblent... Rapidement innocenté, Nick devient toutefois la cible des vrais délinquants.

Maître du roman policier, John Harvey n'en oublie jamais les aspects sociaux de ses histoires. Le contexte de vie de Nick est subtilement développé, que ce soit dans sa partie intime profonde – les relations à un père trop tôt disparu, peu connu – ou dans sa partie tournée vers l'extérieur de l'appartement, ce petit lieu clos où Nick et sa mère s'aiment malgré leurs apparents différends. Car à l'exception de quelques amitiés et d'un amour naissant lentement, les rapports aux autres sont d'une dureté totale : bande de garçons en perdition, amie d'enfance complètement isolée, etc. Sans le savoir, Nick est pourtant au-delà de ces difficultés, créatif comme son père, travailleur comme sa mère. L'histoire policière stricto sensu s'infiltre entre les lignes, pas forcément innovante, mais par contre éclairante de phénomènes de dénonciation, d'intimidation... On appréciera le dernier rebondissement avec la mère de Nick. Un roman à l'écriture nerveuse qui se lit avec attention.