Nora

Les parents de Nora ont décidé que leur fille passerait cette année les vacances d’été chez son oncle Lucien à la campagne. Si la perspective de ces longues semaines aux côtés d’un tonton agriculteur n’enchante guère la petite fille, la chatte Minette qui attend des petits, la vieille voisine, Madame Jeanne, que Nora observe à la jumelle, ainsi qu’un gigantesque chêne centenaire au tronc creux où elle trouve très vite refuge, viendront rapidement remplir ses journées. Autant dans les premières planches, Nora paraissait extrêmement capricieuse et colérique, autant l’abord de la campagne révèle la nature espiègle, rêveuse et rieuse de l’héroïne. On découvre dès lors une petite fille spontanée qui, par les questions apparemment naïves qu’elle pose à son oncle sur la manière de donner la vie, sur les stratégies à mettre en place pour trouver un « amoureux », sur la mort, révèle sa nature curieuse et généreuse ainsi qu’un imaginaire très riche. Le récit réaliste de ce séjour champêtre prend ainsi naturellement un tournant fantastique mettant en lumière l’imagination débordante de Nora et rendant plus « léger » le questionnement existentiel auquel elle procède. Cette intrusion du fantastique est illustrée très intelligemment par l’apparition de figures longilignes blanches et bleues à la silhouette humaine qui contrastent avec l’arrière-plan sépia du récit premier. Ce mélange des genres réaliste et fantastique n’empêche nullement Léa Mazé, l’auteure très prometteuse de cette bande dessinée, de rendre le récit cohérent puisqu’elle parvient tout à fait à relier de manière dynamique et subtile les différentes séquences constitutives de l’histoire. Le lecteur pourra d’ailleurs porter une attention particulière aux dialogues entre les personnages tout à la fois percutants de vraisemblances et métaphoriques.

Belle réussite donc que cette bande dessinée.