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Nous les enfants de l'archipel

Alain Gnaedig
Roman
à partir de 13 ans
: 9782211307178
17.00
euros

L'avis de Ricochet

Un jour de juin, les cinq membres de la famille Melkerson débarquent du Saltkråkan I, le bateau qui les amène sur une petite île au large de Stockholm. Pour les vacances, Melker, le papa, écrivain étourdi et impulsif, y a loué la Maison du Menuisier, une vieille bicoque délabrée mais charmante. Malin, l’aînée, réfléchie et observatrice, Niklas et Johan, explorateurs impatients puis Pelle le cadet, philosophe et grand défenseur des animaux, s’y sentiront chez eux, d’autant plus que l’attachante tribu se fait rapidement adopter par les habitants de l’île. Il y a la petite Stina et son corbeau apprivoisé, l’impétueuse Tjorven et son gentil chien Bosco ainsi que ses grandes sœurs complices Teddy et Freddy, puis Björn et Krister, deux jeunes hommes qui ne manquent pas de remarquer la belle Malin. Les journées se remplissent de plaisirs simples, d’aventures frissonnantes... et de déboires tragi-comiques lorsque le père s’en mêle. Construire une cabane, pêcher, nager, rêvasser, fêter la Saint-Jean, vérifier si les grenouilles se transforment bien en princes, adopter un phoque... on n’a pas le temps de s’ennuyer sur cette île.  

Nous, les enfants de l’archipel, qu’Astrid Lindgren écrit d’abord comme scénario d’une série produite par la télévision suédoise, sera publié en 1964 suite au succès de la série. Traduit ici pour la première fois en français, le texte se construit autour de la singularité du monde de l’enfance, qui se déploie d’autant plus intensément grâce à la latitude qu’offrent de longues journées d’été sur une île recluse à la beauté préservée. L’autrice suit au plus près la fratrie Melkerson, notamment à travers Malin. Les extraits de son journal intime – un recueil d’anecdotes ainsi que de descriptions détaillées de l’environnement naturel – alternent avec la narration omnisciente. Les dialogues à la touche humoristique et philosophe décortiquent les préoccupations des jeunes personnages et soulignent leur débrouillardise et leur imagination, comme dans cette scène où les quatre enfants, perdus sur un canoé entouré d’un brouillard épais et désormais affamés, se mettent à rêver à haute voix de leurs plats favoris pour oublier le terrible grommellement des ventres.

L’écriture d’Astrid Lindgren et la sympathie des relations unissant la communauté de l’île font de ce long roman une très chouette lecture. Une communauté par ailleurs immergée dans de superbes paysages auxquels le trait de crayon pétillant et coloré de la grande Kitty Crowther, lauréate en 2010 du prestigieux prix commémoratif Astrid Lindgren, donne magnifiquement vie.

Toutefois, une phrase du livre rappelle le passé dans lequel se situent autant son intrigue que sa gestation. Alors que la famille Melkerson prend possession de la maison de vacances, le père tente d’allumer un feu dans la cheminée sous l’œil inquisiteur de Tjorven, intriguée par l’arrivée des nouveaux venus. Lorsque Melker se retrouve noir de suie, la petite s’exclame : « T'as la figure toute noire, on dirait vraiment un cannibale ». Le père lui répond qu’il ressemble davantage à un hareng fumé, puis l’histoire continue.

À la lecture de ces mots, un très grand malaise. Est-ce que l’autrice voulait induire qu’un visage sale de suie lui évoque non seulement un visage d’une personne noire, mais aussi celui d’un cannibale ? Que pensera un·e jeune lecteur·rice en découvrant la remarque de Tjorven ?

En 2015, à l’occasion des 70 ans de la première publication des aventures de Fifi Brindacier, une version révisée des livres voit le jour, tenant compte des critiques de stéréotypes colonialistes et racistes. L’autrice aurait elle-même pris ses distances avec le texte original, et ce dès les années 1970.

Le débat autour de la réécriture de grands classiques (par exemple Mark Twain, Roald Dahl, Hergé) soulève de profondes questions, et à juste titre.

Autant par son écriture éclatante que ses envolées illustratives, ce roman est un très bel ouvrage. Puis, à défaut d’une annotation de l’éditeur, le livre mérite un accompagnement de la part de l’adulte autour du mot « cannibale » et de son utilisation problématique et connotée.

Présentation par l'éditeur

C'est sur l'une de ces îles, Saltkråkan, que débarque la famille Melkerson, pour occuper une adorable vieille maison de vacances. Il y a le père, Melker, qui trouvera peut-être l'inspiration pour un prochain livre. La belle Malin, à qui les garçons font les yeux doux. Les intrépides Jonas et Niklas, prêts à toutes les audaces. Et le petit Pelle, qui adore les animaux et voudrait tellement en adopter un. Ça durera une journée, une saison ou une vie, qui sait ? Le temps qu'il faudra pour être heureux.

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