Nouvelle-Orléans

Nouvelle-Orléans, 1842. Napoléon Trouvé est un adolescent quarteron (presque blanc), bébé abandonné puis trouvé comme son nom l'indique. Il vit d'une activité légale de musicien et d'une autre illégale d'agressions et de vols sur les clients des bars où il joue. Une nuit, il croise le chemin d'une jolie prostituée, Marinette Amande, qui manie le couteau double lame comme personne. Elle lui propose de ramener à sa propriétaire un esclave enfui (un marron) afin de toucher ensemble une prime rondelette. Cette prime permettra à Marinette de racheter une partie de son affranchissement. Sous le charme, Napoléon accepte. Il se retrouve d'abord dans une fête vaudoue – au cours de laquelle Marinette se distingue –, puis au manoir de la veuve Duromarin, riche et jolie blanche qui cache bien sa perversité…

Napoléon relate son expérience à travers des extraits de son procès retranscrits dans toute la saine indignation du jeune homme (qui se retrouve donc sur le banc des accusés suite à cette affaire). Une fois sur deux environ, l'extrait est accompagné d'un chapitre un peu plus long poursuivant le récit à la première personne, et composant au final une courte et horrible histoire. On pense à une nouvelle davantage qu'à un roman, tant l'action est concentrée sur une nuit, une découverte.

En effet, la veuve Duromarin, sous ses dehors proprets, pratique des messes noires et torture ignoblement ses esclaves. Napoléon au cœur tendre et la pourtant féroce Marinette ne résisteront pas à tout ce sang écoulé, et il faudra l'intervention inopinée, étrange et presque drôle au fond, d'amateurs de vaudou afin de les sauver. Chacun ou presque y trouvera finalement son compte…

Ecrit avec passion et rigueur historique, l'ouvrage flirte du côté de l'horreur, sans jamais oublier d'une part son élégance liée à la vieille ville, d'autre part sa verve très naturelle à travers Napoléon. Avec cette histoire, inspirée d'ailleurs d'un fait divers, c'est toute la société de la Nouvelle-Orléans, bigarrée, brillante, miséreuse, secrète, en un mot complexe qui s'étale sous notre lecture, entraînés que nous sommes par la maîtrise de l'auteur. J'ai beaucoup aimé, et frissonné !