Octobre, un crime

En octobre 1958, Elena, jeune fille de la bonne société de Buenos Aires, sent qu'elle est en danger ainsi que son père. Elle coud une lettre d'appel au secours dans une robe, et tente de la confier à une amie couturière. Quarante ans plus tard, Inès achète la robe et trouve la lettre, jamais parvenue à sa destinataire. Intriguée, elle fait quelques recherches et découvre qu'Elena est morte peu après avoir écrit la missive. Elle se serait suicidée du haut de la coupole de sa belle maison... laissant sa belle-mère et le frère de celle-ci hériter de son père, lui aussi décédé comme elle l'avait prédit. Inès décide de ne pas en rester là et demande son aide à Ampario, ancienne femme de ménage chez Elena qu'elle a fini par retrouver à force de tâtonnements.

Norma Huidobro, reine du roman policier junior argentin, ne cesse de nous séduire ! Son intrigue machiavélique entre passé et présent tient la route jusqu'au bout, avec des révélations – fausses et vraies – en cascade. La narratrice Inès est une jeune fille (on a un peu de mal à situer son âge exact) extrêmement volontaire, partagée entre chamailleries de famille et exaltation de l'enquête, prompte à donner son avis et imaginer des scénarios. Elle s'entend parfaitement avec Ampario, autre femme forte et généreuse. A elles deux, elles vont venger l'impuissance de la fragile Elena, et découvrir le secret de sa disparition.
Mais cela ne les empêchera pas de vivre chacune leur quotidien, entre repas à préparer, petits frères et cousine à détester (Inès n'est pas parfaite), personnes âgées à soigner (Ampario travaille et vit dans une maison de retraite), et même manifestations pour la justice. Avec une écriture excellente, c'est ce mélange des genres qui rend les livres de Norma Huidobro si particuliers, proches de nous, souvent drôles, tout en maintenant un suspense de haute volée et des histoires vraiment atypiques. Ecrit en 2004, et heureusement traduit aujourd'hui en français !