Petit manuel de politesse, poil aux fesses !

La perspective d’apprendre la politesse avec leur nouvelle baby-sitter ne séduit guère les deux enfants de cet album. Ils semblent accepter l’énoncé de douze règles basiques mais… ils ont plus d’un tour dans leur sac et aux sages principes énoncés, ils affirment, « par derrière », une réalité contraire. Le plaisir de cet album tient à cet aller-retour entre le principe « il existe des mots d’enfants polis : quand on les dit les adultes sont ravis ! » dit la baby-sitter… « Mais nous on préfère les mots de bonne rigolade » explosent les enfants. Le principe des rabats comme un rideau de théâtre permet le jeu entre ce qu’on doit faire quand on est dans le monde policé et ce qu’on a plaisir à faire , même si on est un adulte, mettre ses doigts dans son nez, par exemple !
Certains principes dépassent de loin la simple question de politesse et outrepassent le respect dû aux uns et autres. Mettre ses doigts dans son nez donne une image détestable de ce lui qui le fait mais forcer une porte fermée, soulever la jupe d’une fille va au-delà du mauvais goût et porte atteinte à des fondements sociaux. Le ton est délibérément ironique et le style BD du dessin caricatural avec affreux jojos et jeune fille de bonne famille suscite l’adhésion du lecteur aux détournements des sales gamins. Néanmoins, mélanger ainsi le futile et le fondamental contribue au comique de l’album au risque de banaliser certaines pratiques indéfendables. Le mouvement d’ensemble du récit retourne les situations et les enfants sont moins « méchants » qu’ils en ont l’air. Au lecteur de faire la part des choses : sont-ils bons, sont-ils méchants ? Vérité ou provocation ? Un petit livre pour débattre et discuter du bien-fondé de la politesse…