Promenade au parc

Le modeste Monsieur Smith sort de son immeuble délabré et se rend au parc accompagné de sa fille Réglisse et de son chien Albert. Dans le même temps, la très chic Madame Smarthe, quitte sa magnifique demeure et se rend aussi au parc, accompagnée de son fils Charles et de sa chienne Victoria. Les deux adultes s’assoient chacun à une extrémité d’un banc. Les chiens, eux, commencent très vite à jouer ensemble. Puis les enfants font de même. Ils grimpent aux arbres, font de la balançoire. Mais il est temps de partir. Les adultes, qui ne se sont pas adressé la parole une seule fois, se lèvent et chacun appelle chien et enfant. Charles a tout juste le temps d’offrir une fleur à Réglisse. Tous ensuite repartent de leur côté, dans leur monde.

Promenade au parc est une réédition de l’un des premiers albums du britannique Anthony Browne, publié pour la première fois en 1977. On y trouve déjà les thèmes de prédilection de l’artiste, sur la naïveté de l’enfance, les différences sociales. On y trouve aussi son style, si particulier, où se mêlent un texte court, épuré à l’extrême, et de très grandes images, entre réalisme et surréalisme. Ici, se superposent plusieurs niveaux de lecture dans les illustrations. Au premier plan, en rapport avec le texte, chacun des personnages est croqué dans un style assez proche du réel. Puis au second plan, un monde complètement loufoque apparait. On pourrait presque ne pas le voir, si l’on n’y prêtait pas vraiment attention et si l’on se contentait de lire l’histoire. Il est peuplé d’arbres qui sourient, de promeneur tenant son énorme cochon en laisse, de Père Noël jouant au ballon, de fleurs qui poussent sur une casquette. Un régal pour les enfants.