Quand vient l'orage

Antoine a seize ans, et pas vraiment envie d’accompagner ses parents chamailleurs en vacances d’été à la montagne. Quand il se tord la cheville le premier jour, il comprend qu’il va devoir s’occuper. Une légende vieille de neuf siècles retient son attention, d’autant que les villageois semblent ne pas vouloir s’exprimer sur elle. Peu à peu, Antoine reconstitue le drame : une jeune fille noble du bas Moyen-Age s’est tuée en sautant des remparts du château, alors qu’un chevalier noir voulait abuser d’elle et que son père (un vieux chevalier blanc) n’a pas su la sauver. Tout se terminerait là, si Antoine n’était irrésistiblement attiré, la nuit, vers celle qui lui dit s’appeler Blanche, et avoir besoin de son aide… Heureusement, la jeune Prune, fillette curieuse et observatrice, veille…

De son écriture précise et d’un présent un peu sec, Marie-Hélène Delval sait toujours nous faire frissonner dans un fantastique d’une grande pureté. Le quotidien est très présent, nous savons tout de la vie du jeune Antoine, amoureux frustré, inquiet des disputes de ses parents, ami temporaire avec Prune et la tenante du café-restaurant. Le surnaturel s’installe donc entre les lignes, partant d’une vieille légende comme on en trouve partout, se raccrochant à quelques habitants un peu fantasques (Marcel). Le possiblement réaliste ne devient pas aisément du merveilleux assumé… La nuit d’orage, qui finit par entremêler intimement les époques et les situations, est un vrai morceau de bravoure. C’est aussi un bel apprentissage du sentiment amoureux, pour Antoine d’une part et pour ses parents d’autre part, et finalement aussi pour « Blanche », fantôme désormais apaisé. Fin et élégant.