Qu'est-ce qui fait courir Mamadi ?

Quand il s’agit de courir, Mamadi n’a pas son pareil. Mais pourquoi et après quoi court-il ainsi ? Cherche-t-il à fuir les hommes qui ont attaqué son village ? Est-il mû par l’espoir de retrouver sa mère ; de se montrer digne de son père ; ou par le rêve de devenir joueur étoile d’un club de soccer (football) ?

J’ai lu ce roman d’un souffle. Le drame qui fait basculer la vie de Mamadi nous tient en haleine du début à la fin. On sent l’horreur, tout près, menaçante. Le pillage, les enlèvements d’enfants pour en faire des guerriers, les camps de réfugiés, le désespoir, la fuite, jusqu’aux tentatives pour atteindre Lampedusa… tout cela est évoqué. Pourtant, l’auteur ne s’attarde pas à décrire la violence. Comme les parents de Mamadi, il travaille en délicatesse, s’attachant à l’espoir. Celui-ci tient à peu de choses parfois : une poupée de chiffon, un regard, un sourire, une amitié qui permettent de survivre à l’horreur, de supporter l’insupportable. Étienne Poirier réussit ce pari incroyable de nous faire courir derrière ceux qui, comme Mamadi, dépouillés de tout, ont mis des années, saisons de pluie après saisons sèches, pour traverser à pied des pays, voire un continent, afin de trouver refuge et de se construire une nouvelle vie. Ce roman est un incontournable.

Cet ouvrage a fait partie des quatre finalistes du Prix des nouvelles voix de la littérature 2014, du Salon du livre de Trois-Rivières.