Rendez-vous sous les cerisiers

En amour, les mots sont toujours forts et les engagements pour la vie. C’est sans compter sur la faiblesse des humains. Pas facile de tenir les promesses formulées sous le coup de l’enivrement amoureux. Henri et Marguerite s’aiment très fort, seulement la guerre éclate et Henri s’éloigne. Bientôt ce sont aussi les cœurs qui s’éloignent, se mettant à battre d’un rythme différent. Seule Marguerite reste aussi éprise de son « tendre ami » qui est aussi pour elle un « frère bien-aimé ». Un jour, ses lettres restent sans réponse. Pourtant, Marguerite continue d’écrire car elle y croit encore. « Je te reproche de m’aimer et de ne plus le savoir. Je t’attends. » La guerre s’achève, Henri revient au village. A ses côtés, une femme, Lucie : sa future épouse. La douleur qui l’a fait tomber à terre, à demi-morte, est toujours là des années plus tard comme elle le dit à sa petite-fille, sa confidente. Celle-ci imaginait sa grand-mère sereine, alors qu’elle tremblait intérieurement des souffrances liées à cet amour de jeunesse. Très poétique, ce texte évoque finement les sentiments des uns et des autres ainsi que les mystères de la vie amoureuse, dans une forme « lancinante ». Une relation privilégiée unit la narratrice à sa grand-mère. C’est avec un regard plein de tendresse que l’auteur observe ses personnages, ballottés par la vie. Nathalie Novi y ajoute la douceur de ses illustrations tantôt féeriques, tantôt tragiques. A noter le clin d’œil à Edvard Munch. Pour dire toute la douleur qui frappe Marguerite lorsque Henri la dégage de sa parole de l’aimer à jamais, Nathalie Novi s’inspire du tableau « Le Cri » qu’elle reproduit en y introduisant le personnage central de l’album. Un bel ouvrage qui séduira les adultes, peut-être même un peu plus que les enfants