Sable

Pourtant extrêmement construit en courts chapitres et en cinq livres liés à la géographie d'un Maghreb vu comme exotique, le livre met très longtemps à délivrer non son sens, mais un sens général.

Nous sommes à la fin de l'été 1972. Des meurtres ont lieu dans une « commune », lieu de vie pour Américains en mal d'existence. De l'argent disparaît (des devises de la RDA), un homme est accusé. Un autre se réveille en plein désert, amnésique, et une belle Américaine fraîchement arrivée le recueille. Il recherche son identité par tous les moyens, même les plus dégradants. Il y a une histoire de « mine », sans que l'on sache quelle signification le mot revêt. Le roman finit sur quelques explications, et pas mal de doutes. De toute façon, il finit mal.

Wolfgang Herrndorf alterne les points de vue sans relâche, lance des pistes pour mieux les écraser, perd son lecteur de manière aussi déconcertante qu'exquise. Nous sommes captivés, quand bien même tout nous échappe. Nous pressentons une intrigue de type policier/espionnage, sans être sûr de ne pas faire fausse route (dans le désert). Excellemment traduit, le roman brille, expérience inédite de sensations labyrinthiques. « Entrer dans ce livre suppose d'accepter de perdre pied », indique la quatrième de couverture. Vous êtes prévenus, invités à devenir les découvreurs (et certainement les happy few) d'un ouvrage hors normes qui fait croire en la littérature et son pouvoir.
L'auteur, allemand, est malheureusement décédé en 2013, après avoir eu le temps d'être primé dans son pays. A tenter à partir de 16/17 ans.