Sang-de-lune

Gia vit à Alta, une cité où des règles extrêmement strictes édictées par le gouvernement des Sept laissent peu ou pas de place aux femmes : les « Fils-du-Soleil » ont tout pouvoir sur les « Sang-de-Lune » afin d'assurer la pérennité de la population. L'économie de la ville repose sur l'idée que les femmes, par nature insoumises et fragiles, doivent être encadrées sinon maltraitées.

Gia, comme d'autres avant elle qui l'ont payé de leur vie, refuse cet état de fait. En silence elle se rebelle, étouffée par son éducation culpabilisante, consciente aussi du danger qu'elle court. Sa jeune sœur prend moins de précautions. C'est finalement parce qu'elle va être mariée de force à un homme brutal que Gia décide de partir. Où ? Dans les Régions libres, où se côtoient des exilés parfois très violents et des créatures nocturnes monstrueuses…

Ecrit à la première personne par Gia, le roman pose parfaitement la question de l'embrigadement des esprits : lorsqu'on a appris à obéir et ce depuis le plus jeune âge, penser par soi-même devient très compliqué. Même libérée par sa propre volonté, Gia conserve des réflexes de crainte et de honte qui mettront sans aucun doute du temps à disparaître. L'histoire s'étale somptueusement, enveloppant le lecteur dans les mailles de son univers resserré, et le faisant frissonner à la fois à travers les combats humains et les attaques de gros vers blancs ou de morts-vivants… La clef finale du livre fait penser au film Le village de Night Shyamalan (2004) : elle n'est pas neuve, mais toujours efficace d'autant que l'auteure nous avait d'abord longuement emportés sur la piste d'un monde post-apocalypse.