Si c'est la fin du monde

Ardor est un sympathique astéroïde qui devait simplement ravir les scientifiques et les amateurs d’astronomie de la planète Terre. Mais voilà qu’Ardor bouscule sa trajectoire et décide justement d’aller voir de plus près ses admirateurs terriens. Bref, la fin du monde est programmée dans deux mois.

Dans un lycée de Seattle, les élèves vont avoir des réactions très différentes selon leurs personnalités, selon leurs situations de vie aussi. La bonne élève veut suivre sa passion pour la musique, le sportif se fait philosophe, le dealer en herbe s’enfonce encore plus dans la délinquance… A la dernière page, la Terre n’a toujours pas été détruite (il reste 30 % de chances d’échapper à l’astéroïde) mais les existences de tous les personnages ont été bouleversées.

Certains romans apocalyptiques ont plus de finesse que d’autres. Rester dans une veine réaliste alors que l’élément motivant de l’intrigue est lui de nature fantastique assure au moins un gage d’originalité. « Si c’est la fin du monde » s’intéresse donc davantage aux psychologies qu’aux effets surnaturels ou de terreur, et il le fait avec beaucoup de dynamisme. Les héros sont suivis à tour de rôle en courts chapitres dans un effet choral saisissant, avec un entraînement logique d’un héros à l’autre qu’il est réjouissant d’anticiper, des événements qui se chevauchent parfois selon différents points de vue, et au final une impression de chaos généralisé : à l’adolescence, on se cherche, et Ardor ne fait que précipiter les émotions. Le langage et la sexualité s’expriment de manière crue, à la façon provocante d’êtres en devenir. Mais les adultes ne sont pas en reste des jeunes, refusant en apparence de lâcher prise en augmentant la surveillance policière, ne contrôlant au fond rien du tout : moi, surmoi et inconscient bouillonnent. Deux mois d’une folie pas si douce racontés de façon pas si tendre.