Signé Romain

Romain, le narrateur, l’auteur des dix-huit lettres qui composent ce roman, est en vacance (au singulier). Il est vide, littéralement, car sa mère est partie à Budapest avec son nouvel amoureux. Lui, Romain, pense qu’elle l’a abandonnée, durant cet interminable mois d’août. Pourtant il n’est pas en perdition, il séjourne dans la maison de ses grands-parents maternels, L’Artimone, à Veules-les-Roses, au bord de la mer. Mais Romain est loin d’être objectif dans cette affaire. Il en veut à sa mère, elle lui manque terriblement, il a décidé de s’ennuyer. Il passe le temps qui n’en finit pas à lire les livres que sa mère lui a laissés, une façon d’être encore avec elle. Il lui écrit chaque jour et compose des missives élégantes, balançant entre auto apitoiement et légèreté apparente. Car Roman, étudiant en anglais, a du style et de la suite dans les idées …
Ce court roman épistolaire raconte la relation très (trop ?) forte que Romain entretient avec sa mère, avec laquelle il a vécu seul depuis sa naissance. Il ne supporte pas l’idée que celle-ci puisse s’intéresser à quelqu’un d’autre et se croit presque un martyr. On aime les manières dont ce fils signe ses lettres, révélatrices de son état d’esprit : « Ton fils ? », « Ton chiard », « Ton fils qui dégueule l’Artimone, Veules et les roses », « Ton morveux », « Ton very jealous guy », « Your very lonesome cow-boy » …
C’est à la fois drôle et touchant, fort bien écrit aussi.