Soirée d'été

A quoi tient le charme d’une soirée d’été ? A l’obscurité qui s’installe, au calme qui descend en nous et sur la nature, aux odeurs qui montent du sol ?

Un bouquet de sensations personnelles répond à cette question posée par Dina Melnikova. Soirée d’été créé une évocation singulière, née de la fusion du passé de petite fille aimée et de son présent de femme au fourneau.

Les nuances du gris au noir qui s’impriment sur le beau papier crème dessinent tantôt un feuillage frémissant, tantôt des branches mystérieuses ou des oiseaux. Les formes mouvantes font place à des herbes et à des graminées et peu à peu le sentiment d’une présence s’installe, un lièvre peut-être ou plutôt celle de la grand-mère disparue ? La voix de la narratrice s’exprime par l’écriture de sensations superposées, vue, ouïe, odorat sollicités. Le tableau d’une fillette sur le balcon s’esquisse et l’odeur d’un gâteau au fourneau signe le retour au réel. Le présent chasse le passé, à chacun son expérience proustienne de remémoration et le maintenant s’impose, comme un rêve, « le lièvre oublié ».

Texte et illustration s’enlacent, parfois se suivent, parfois se séparent et dans l’incertitude, la lecture suit ces mouvements, tour à tour complémentaire ou autonome. Un album riche d’hésitations, d’émotions tranquilles et troubles et une image dominante de volutes, de pensées en suspension, à saisir et prolonger...