Surtout la nuit

L’histoire commence comme pour Amélie Poulain avec une énumération de constats issus du quotidien de la petite Laura : « Elle a 7 ans. Elle aime jouer dans la cour de l’école avec ses copines. Elle aime son petit chat et la mousse au chocolat. Elle aime avoir du monde autour d’elle, surtout lorsqu’elle est en famille ». Tout est léger, l’histoire commence si bien, les illustrations sont si gaies et si colorées. Mais la page tournée amène le monde de la nuit avec sa noirceur que Laura redoute mais pas parce qu’elle a peur du noir, c’est autre chose. La nuit, « il » rentre dans sa chambre. Et dans les pages suivantes, la noirceur commence à envahir les journées de Laura, illustrant les retombées psychologiques, les vagues de panique, le déficit d’attention : « Avant, elle était gourmande et pleine de vie. Maintenant, elle a de moins en moins d’appétit ». Elle se tait car, de toute façon, personne ne la croirait et ça briserait sa famille.

Ce court roman permet d’aborder le difficile sujet de l’inceste à hauteur d’enfant. Les choses qui se passent sont dites avec tact mais sont compréhensibles. Les conséquences sur la petite fille, la solitude et l’absence de réaction des adultes qui sont à mille lieues de se douter de ce qui se passe, le sentiment qu’il n’y a pas de solution : tous ces éléments sont abordés et démontent le mécanisme de l’inceste.

C’est un livre nécessaire sur un sujet difficile.