Uïk, le cochon électrique

Une nuit d’orage, la foudre s’abat sur Uïk, un cochon froussard au museau particulièrement proéminent. Le malheureux s’illumine alors comme un lampadaire. Très vite, ses maîtres fermiers tirent profit de cette nouvelle source d’électricité : monsieur s’en sert pour battre sa pâte à crêpes, alors que madame alimente à travers son groin la clôture des vaches – à noter ce partage des tâches domestiques presqu’avant-gardiste dans la paysannerie ! Imaginez un peu l’allure du pauvre cochon, un fouet planté dans chaque narine ou transformé en batterie électrique ! Bientôt, la famille des éleveurs se réunit pour envisager l’exploitation la plus rentable de son animal. Malgré les ampoules qu’on a vissées dans ses oreilles, Uïk en a entendu et subi assez : il s’échappe de la ferme dans l’espoir de trouver ailleurs la reconnaissance qu’il mérite.

Une fable résolument moderne qui dénonce de manière tout à fait décalée et originale l’obsession de rendement qui anime notre société. Point ici de redites maladroites : les images loufoques expriment ce que le texte minimaliste tait, dans un rapport très efficace. La chute abrupte et déconcertante de cet album correspond bien à l’atmosphère qui s’en dégage.