Un hanneton dans le plafond

Momo, le petit frère de Tom, est un peu plus lent que les autres : il a « un hanneton dans le plafond ». Mais aussi une sensibilité rare, et peut-être un don de prescience des événements futurs. Lorsque le père au chômage, alcoolique, frappe la mère, Momo réagit au quart de tour, assomme son père et s’enfuit. Tom le poursuit. Commence alors une road-story vers la mer, dans la faim, le froid et les rencontres hasardeuses. Sur la plage, les deux enfants rencontrent un vieil homme qui vit dans un blockhaus, qui les convainc de revenir dans leur famille.
Poursuivant son exploration des relations familiales en milieux sociaux difficiles, Martine Pouchain fait une fois de plus preuve d’une délicatesse hors pair. Par la voix de son narrateur Tom, elle décrit un quotidien amer et une aventure à la fois dangereuse et tendre, sans jamais porter de jugement sur les situations. La durée de l’escapade des frères est très courte (deux jours tout au plus) mais l’écriture l’étire, la rendant propice à des évolutions intérieures. On ne peut pas à proprement parler de roman d’apprentissage, même si Tom fait montre d’une maturité bien supérieure à son âge (« C’est vraiment un dur boulot de protéger quelqu’un. », p. 83). Momo symbolise l’innocence, la vérité dans la bouche de l’enfant. Il est également et surtout l’élément-clé de sa famille, celui qui porte le poids des problèmes tout en étant susceptible de les faire avancer. Grâce à lui, parents et enfants vont tenter de se ressouder, de repartir sur un chemin positif. C’est joliment dit, réaliste et à hauteur du lecteur auquel on s’adresse.