Un jour dehors

Deux amis construisent une cabane dans la forêt. Ils ramassent des brindilles et jouent à l’abri des arbres. Les fûts austères et rectilignes les enserrent et la forêt semble plutôt étouffante. Le narrateur l’un des deux amis, raconte l’obéissance que l’on doit à ce que disent les gens, à la tradition mais il raconte aussi la tentation de l’au-delà. Et lorsqu’il dit qu’il rêve, on ne sait pas si on est dans le virtuel ou si l’enfant transgresse l’interdit. Le très sage dessin des premières pages s’enfle, les branchages s’envolent et la chemise se gonfle comme une voile. Voyage immobile ou non, le mystère plane, une atmosphère pas vraiment étrange et cependant intrigante. L’enfant grimpe un pic, nage. Il est rejoint par son compagnon. Il y a quelque chose de métaphysique dans ce dialogue interrompu entre les enfants, entre l’enfant et le lecteur. Des couleurs chaudes, mais aussi des hachures qui témoignent d’éléments hostiles, on hésite entre ballade et rêve. Les dernières paroles

« j’irai un jour

mais pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, je crois

qu’il doit pleuvoir »

ne donnent pas goût à l’envolée et les personnages sans visage restent énigmatiques. Est-ce une incitation à aller voir de l’autre côté ou au contraire, une soumission au conditionnement.

Il y a quelque chose de beckettien dans ces deux personnages qui attendent dans l’univers clos de la forêt. L’échappée graphique qui s’achève sur la pluie décourage l’appel de l’inconnu.

Un album étrange.