Une histoire de dragons

Quand on s'appelle Vlad, les parents excédés de vos bêtises vous menacent non pas du grand méchant loup, mais du dragon à trois têtes qui viendrait vous enlever. Sermonné depuis son plus jeune âge, largement terrifié, Vlad devient un enfant modèle. Jusqu'au jour où il rencontre une petite créature malingre aux dents gâtées, pleurnichant seule sur son rocher. Il s'agit de son dragon, qui n'a pas pu se développer faute de bêtises. Attristé, Vlad réalise toutes sortes de mini-folies en un temps record, provoquant évanouissements et arrachements de cheveux dans sa famille. Le dragon revient, fier et conquérant, et emporte son petit maître pour de passionnantes chevauchées nocturnes à travers le monde.

Auteur bulgare, Edvin Zugarev écrit des petites histoires pour ses enfants : c'est la première à être publiée par une toute jeune maison d'édition alsacienne. Assez classique dans son déroulement, l'intrigue séduit, amuse avec son apologie de la bêtise sans conséquences. Et les adultes font figure de vieux bougons autoritaires, ridicules face à un Vlad au fond bien gentil, et à un dragon tout mignon... L'animal symbolise la part de liberté qui subsiste en nous, au-delà de l'éducation et des convenances sociales.
Page de gauche et fond blanc, la typographie épurée (juste un souci avec les virgules peu visibles) s'accorde avec des illustrations délicates, inventives sur des tons noirs et bleutés en page de droite. Les dessins des personnages humains sont vraiment peu convaincants, mais les dragons s'épanouissent en traits légèrement tremblés, véritables héros du conte. Un album aux accents poétiques et singuliers qui « change », tout simplement.