Une petite bouteille jaune

Le pays où vivent Marwa et Ahmad est en guerre. Les bruits de la guerre restent heureusement assez lointain et n’empêchent pas les enfants de vivre à peu près normalement. Un jour, toutefois, la guerre survole leur village. On prévient les enfants qu’ils doivent se méfier des « sentinelles de la mort » que les avions ont lâchées sur le territoire. Après quoi le calme revient, et les enfants reprennent leurs jeux avec insouciance. Jusqu’à ce que Marwa et Ahmad trouvent cette petite bouteille jaune qui bouleverse leur vie…

Les fictions d’Angèle Delaunois s’appuient volontiers sur un élément documentaire : ici, les mines antipersonnelles. Le sujet, aux antipodes de ce que l’on aime présenter aux enfants, dérange, ne soulève pas d’emblée l’enthousiasme. On préfèrerait, évidemment, parler d’autre chose. Ce sujet est pourtant essentiel, même si l’on vit dans un pays qui ne connait pas la guerre. Peut-être même surtout si l’on a le bonheur de vivre dans un tel endroit. Lire, c’est s’ouvrir au monde, y compris à ses zones d’ombre. Alors, passé la réticence naturelle à ouvrir ce livre, qu’y trouve-t-on? Une histoire un peu convenue, soit, mais touchante et racontée avec pudeur et délicatesse. De belles trouvailles métaphoriques. Une illustration (techniques mixtes) inventive qui donne à comprendre sans exposer l’horreur. Le jeune lectorat est respecté : on lui dit la vérité sans l’enrober, mais avec tact. Par ailleurs, l’éditeur propose sur son site Internet une fiche d’activités pédagogiques fort bien conçues qui permettent d’explorer davantage le sujet, d’observer mieux les différents aspects du livre, d’atterrir en douceur après l’immersion dans une réalité pénible. Ni les jeunes lecteurs ni les médiateurs de lecture ne sont laissés à eux-mêmes avec ce sujet difficile. Beau travail!