Victoria et le vaurien

Orpheline, Lady Victoria a passé son enfance en Inde. La jeune fille revient en Angleterre avec l’intention d’épouser l’homme qu’elle aime – une idée plutôt moderne pour ce début de XIXème siècle. Et justement, sur le bateau, le très séduisant Lord Malfrey la demande en mariage. Tout irait pour le mieux si l’irritant capitaine Castairs ne lui répétait pas sans cesse que Malfrey n’est qu’un vaurien qui en veut à sa fortune. A-t-il vraiment tort ?
J’ai tendance à me méfier de la collection Planète Filles aux couvertures rose bonbon. A me méfier aussi d’une histoire dont la résolution est annoncée dès la quatrième de couverture (oui, Castairs et Victoria se retrouveront bien). Mais Meg Cabot est plus fine qu’il n’y paraît. Elle sait utiliser tous les artifices de la littérature « pour filles » afin de mettre en valeur des personnages étonnants et riches. Si le féminisme au sens politique du terme de Victoria est peu convaincant, l’auteur réalise un joli portrait de femme, d’une indomptable qui cache ses failles sous une préoccupation excessive des autres. Peu à peu, par des interventions bien placées et subtiles – la psychologie de Castairs n’est pas clairement dévoilée puisque nous suivons uniquement Victoria – et par de langoureux baisers volés, le capitaine amène l’héroïne à réfléchir sur elle-même et perce sa « carapace ». L’Angleterre de 1810 est bien rendue : costumes, usages, activités… On croise même de pauvres gamins des rues, certes vite sauvés. Chassé-croisé amoureux écrit avec une certaine finesse de sentiments, Victoria et le vaurien est une lecture pétillante et agréable.