The wicked deep. La malédiction des Swan Sisters

Penny et sa mère vivent sur l’île Lumière non loin de la ville de Sparrow, en Oregon, un décor pluvieux et souvent lugubre dont le caractère obscur est renforcé par une coutume locale des plus macabres. Chaque année en juin a lieu la Swan Season, une période de presque un mois où les esprits de Marguerite, Aurora et Hazel Swan, de belles jeunes femmes ayant été noyées dans les années 1800 pour accusation de sorcellerie, s’emparent du corps de trois adolescentes de Sparrow pour noyer de jeunes hommes en signe de représailles. Alors que Penny se rapproche de Bo, un étranger venu chercher du travail sur l’île, la malédiction des Swan Sisters menace de les séparer…

Une plage où des jeunes filles vêtues de longues robes tentent le diable, un phare isolé dans un océan glacial d’où s’élève un chant ensorceleur mais meurtrier… Le décor où se jouera la malédiction des trois sœurs Swan est vite planté. Si l’intrigue, contenant tout de même sa part de suspense (Qui seront les adolescentes possédées ? Qui seront les victimes ?), n’est pas la plus haletante qui soit, la grande réussite du roman se situe dans son atmosphère gothique et mystérieuse qui emporte tout de suite le lecteur. Certains rebondissements sont plutôt prévisibles et la romance entre Penny et Bo n’est pas toujours très crédible, mais cela ne gâche pas le plaisir procuré par la découverte des événements, alors que la malédiction se referme doucement autour des deux principaux protagonistes. De plus, le livre fait bien écho au contexte social actuel : suite notamment au mouvement #metoo, la figure de la sorcière a pris une grande ampleur dans la lutte féministe, devenant une sorte de symbole. Shea Ernshaw utilise également ici cette figure pour parler de la condition féminine et défendre la cause de ces jeunes femmes accusées d’être des sorcières en raison de leur indépendance, de leur beauté et de leurs connaissances. Une belle lecture.