Wiggins et la nuit de l'éclipse

Le petit Wiggins, gamin des rues qui secondait Sherlock Holmes dans les premiers livres de Béatrice Nicodème, a bien grandi, et à vingt ans, il continue à marcher sur les traces de son aîné. Recommandé par Watson, il part au collège de Midhurst afin de surveiller un jeune élève de noble famille menacé de mort, en raison des activités de juge de son père. Officiellement homme à tout faire, il s'immisce dans les recoins et les usages du collège, essayant d'appliquer la méthode logique de son mentor. La tâche va être rude : il va devoir élucider deux meurtres, et même pas celui que l'on craignait.
L'histoire nous fait découvrir une réalité typiquement anglaise, celle des collèges privés pour jeunes gens riches, au sein desquels l'argent ne parvient pas à masquer la promiscuité et les rivalités mesquines entre les élèves d'une part, les professeurs d'autre part. L'ambiance glaçante et conservatrice doit malheureusement être assez proche de la réalité historique... Evoluant parmi les domestiques, Wiggins a la chance de pouvoir sortir de l'enceinte de l'établissement et d'apercevoir aussi la campagne de l'époque, présentée plutôt positivement.
L'intrigue est complexe, sombre, et ses ressorts nous éloignent complètement de l'hypothèse de départ : la méthode Sherlock Holmes aura largement le temps de s'exprimer, avec une énorme surprise au milieu de l'ouvrage, qu'il serait dommage de dévoiler ! Béatrice Nicodème sait ménager son suspense et surprendre le lecteur avec de multiples embranchements : diplomatie britannique, société secrète d'adolescents, chantage à la fugue sont de la partie pour perdre le lecteur. Mais Wiggins, par moments emporté par ses émotions, se révèle digne successeur du grand Holmes : tout sera dénoué, expliqué. La nuit de l'éclipse est une suite de qualité à la fameuse série des Wiggins, et on imagine bien des jeunes lecteurs suivre le héros en grandissant eux aussi !