Le diable de monsieur Wai

Kin est l'aîné d'une famille pauvre vivant de la pêche et de la vannerie sur la petite île de Yun. Parce qu'il y a trop de bouches à nourrir, ses parents le confient avec son frère Jen, à un riche marchand, l'avenant monsieur Wai. Ils seront ses domestiques, apprendront un métier sur le continent. Mais dès l'instant où les deux garçons mettent le pied sur le bateau du commerçant, l'enfer commence, au sens presque littéral du terme : monsieur Wai vitupère, s'énerve contre tout, invoque le diable et maudit chacun. Habitués à une vie paisible au bord de l'océan, Kin et Jen sont terrifiés. A la maison de leur nouveau maître, ils ne reçoivent qu'un soutien discret de la part de la gouvernante, l'impassible madame Fa. Au bout de quelques jours de pure terreur dans un environnement de surcroît inconnu, Kin et Jen s'enfuient, puis reviennent. Le petit Jen fait alors une découverte qui va métamorphoser l'irascible monsieur Wai…

En un long retour en arrière, Kin raconte cet épisode marquant de son enfance, qui aura certainement influencé sa vie, ainsi que celle du sensible Jen, et celle de monsieur Wai qui n'arrivait pas à se débarrasser de son « diable ». Nous (re)vivons avec lui ses angoisses monstrueuses, son envie de protéger son petit frère, ses décisions de garçonnet et finalement son apprentissage des sentiments des adultes : loin de la sincérité et de la spontanéité des plus jeunes, les hommes cachent leurs émotions douloureuses et les transforment en colère, contre eux et/ou les autres.

Une leçon de vie, une leçon de philosophie… Situé dans un pays qu'on imaginerait asiatique, le récit prend donc valeur de conte, ou même de fable. Et si Kin prend la place du narrateur étonnamment lucide pour son âge, le véritable héros du roman est bien le petit Jen, intuitif et audacieux derrière sa crainte. Un beau roman pour lecteurs pas peureux dès 9/10 ans.