Parole de loup

Le loup Igor n'en mène pas large devant l'agent Bourru qui, l'air menaçant, exige des explications sur les nombreuses plaintes qu'il a reçues à son sujet. Forcé de coopérer, Igor livre son point de vue, évidemment diamétralement opposé à celui des plaignants. Il raconte : « Ce matin-là, parti en commis j'ai croisé les trois petits cochons puis Chapeau rond rouge. M'étant assuré de la sécurité des trois porcelets, je cours sauver la petite fille d'une noyade assurée, lorsque la voiture de Grand-Mère me percute de plein fouet. Peu après je me réveille groggy en chemise de nuit rose avec un bonnet sur la tête. Reconnectant mes neurones, je m'aperçois de la disparition de mes courses. C'est en essayant désespérément de les retrouver, que j'ai fini presque noyé dans la rivière…»

L'intérêt de ce récit se trouve dans le baratin d'Igor qui essaye, très maladroitement, de se disculper. Devant tant de mauvaise foi le lecteur n'est pas dupe, mais reste cependant très compréhensif face aux pulsions animales de ce loup qui, heureusement, n'est pas encore devenu végétarien. Geoffroy de Pennart mixe avec talent sa galerie de personnages fétiches, pour nous proposer l'histoire plutôt réussie d'un pauvre bougre plus à l'aise en costume trois pièces qu'en chemise de nuit.