Little Piaf. Il faut sauver la reine !

Il était une fois le dernier moineau de Paris. En plein XVIIe siècle, il est pourchassé par le Gros Gouvernement, et par le Cardinal Rouge, comploteur virevoltant. Mais Little Piaf est malin et ne craint pas pour sa vie, surtout quand les Zozios – Desvosges, Vaugirard et Neuilly – lui prêtent main forte. D’ailleurs, il a un problème plus urgent : la Reine est en danger. Elle doit porter au bal des Fauvettes un collier que lui a offert le Roi, le Sublime Semainier, mais il y manque une pierre, donnée à son amant anglais le comte de Goose. Bouquinette la libraire et Obstinée la femme de chambre de Sa Majesté enjoignent à leurs compagnons de retrouver la pierre, sans quoi le Cardinal Rouge va faire répudier la Reine…

Cette histoire nous dit quelque chose… Oui, mais Daniel Picouly prend ses précautions dans les dialogues mêmes de son dynamique roman de cape et d’épée : « - Bien sûr qu’on se connaît ! Vous ne voyez pas qu’ils sont venus me sauver. Vous n’avez pas lu Les Trois Mousquetaires ? – Si, justement ! Et cet épisode n’y figure pas. – C’est vrai. La réalité prend souvent des libertés avec le roman. » (p. 112). Farceur, il le truffe aussi de clins d’œil anachroniques : Edith Piaf et Billie Holliday traînent dans ces aventures, alors qu’on invente Air Albatros (liaison Paris-Londres) à partir de Baudelaire… Toutefois, des encarts pédagogiques font plus sérieux, présentant les oiseaux de la capitale ou des expressions avec des noms de volatiles.
Malgré un narrateur externe, la connivence avec le lecteur est ainsi très forte, renforcée par les irrésistibles et nombreuses illustrations de Frédéric Pillot : noir et blanc ou couleurs, tous ces nids dans les toits, tous ces oiseaux en costumes aux becs expressifs font s’enthousiasmer. On rit et on s’inquiète, on vole (dans les airs) et on se bagarre, on apprend un peu et on devine, bref on fait un turbulent et excellent voyage historique en compagnie de ce Little Piaf et des auteurs pleins de verve, très en forme. Une série à venir ? En attendant, « lisez Dumas ! C’est bon pour la peau. » (postface de Daniel Picouly).