Le petit sapin

L’histoire d’Andersen est dure, triste. Un jeune sapin dans la forêt rêve d’être emporté et décoré, placé bien au chaud dans une des maisons du village. Mais, trop petit, il n’est jamais récupéré par les bûcherons. Jusqu'au jour où… Notre héros végétal passe des fêtes de Noël extraordinaires, brillant de mille feux, écoutant les rires et les histoires de chacun. Le réveil sera alors difficile : remisé au grenier, sans eau et sans lumière, le sapin dépérit. Sa seule compagnie se limite à des petites souris ; il regrette amèrement sa vie simple parmi ses congénères. Au printemps, on le sort au soleil. Espoir ? Non, car l’arbre dénudé sera tout bêtement brûlé…

C’est un conte qui hante, qui semble donner des leçons – pour être heureux, il faudrait rester à sa place ? – et qui ne fait pas de concessions au tendre cœur des jeunes enfants. Et pourtant, Charlotte Gastaut, de son dessin rond et coloré, lui redonne un nouveau dynamisme. Avec ses boules dorées, enveloppé de petits oiseaux à l’œil fixe, au milieu des rires d’enfants du monde entier, le sapin semble mener une existence certes courte, mais intense pour ne pas dire flamboyante. L’illustratrice a l’intelligence de marier sur de pleines pages des éléments frais, enfantins et dans l’air du temps avec d’autres plus désuets, tendance Richard Scarry. Le résultat naïf pourrait paraître en décalage avec la brutalité de l’histoire ? Bien au contraire, il en renforce les émotions…