Maman dans le vent

Un père et sa fille roulent à très vive allure vers la mer. La petite apprend laborieusement un texte qu’elle peine à prononcer. Arrivés à l’hôtel, elle s’endort après quelques mots murmurés. Petit à petit se découvre la raison de ce voyage : après la mort de sa mère, ils se rendent au bord de mer pour célébrer l’ancien bonheur et disperser les cendres maternelles, d’où le titre. Sur cette trame fragile et précieuse, l’auteur organise un dialogue entrecoupé de silences, de noirs. Les indications scéniques précisent les alternances de jour et de nuit, le temps passe, le temps presse. Quelques accessoires, un sac de sport, un pistolet disent tout de l’état du père. Les scènes se suivent dans des lieux symboliques : l’hôtel de nuit, le restaurant, lieux de passage et de solitude comme celle du vieux couple aperçu ; le bord de mer, rythme et souffle de la vie au bord de la falaise ; le magasin où la fillette essaie une robe rouge qui le heurte et que pourtant il accepte… La présence de tous ces éléments, ainsi que la musique ou la scène de cinéma à laquelle il est fait allusion, les récits de rêve composent un lent crescendo de la mort à la vie. Chaque scène ajoute un élément au tableau, la fillette construit patiemment la réponse de son père : parler de la mort, de sa mère, jusqu’à faire accepter le retour à la maison. Sur un sujet si délicat, cette pièce est impressionnante de technique. Les thèmes fondamentaux s’enchaînent et se fondent : l’absence, l’au-delà, l’amour mort et vivant, la continuité du souvenir. L’auteur a privilégié une écriture poétique, très simple, en touches légères. On aimerait voir une mise en scène de cette pièce sensible.