Yok-Yok (T. 6). La pluie

Voilà quelques mois déjà que les trentenaires nostalgiques ont retrouvé avec bonheur le Yok-Yok de leurs jeunes années... Devenus parents à leur tour, certains d’entre eux fredonnent désormais à leurs jeunes enfants le joyeux refrain de leurs souvenirs : « On m'appelle Yok-Yok et tu sais pas quoi, je vis dans une coque, dans une coquille de noix » ! C'est que le petit lutin imaginé par Etienne Delessert pour la télévision suisse dans les années 80 vient de renaître chez Gallimard du mauvais sort que lui avait lancé la fée Carabosse (voir à ce propos tout le bien que Ricochet pense d'Une noix, premier titre de la récente collection).

Sixième opus de la série des albums carrés consacrés au petit aventurier, La pluie ne ternit en rien le sourire de Yok-Yok et de ses amis. Sa couverture donne le ton à cet épisode à la fois tendre et poétique : sous l'averse, Noire la Souris et Josée la Chenille serrées contre son cœur, le petit homme-champignon voit son grand chapeau se teinter des couleurs de l'arc-en-ciel. Au rythme du tambour, les gouttes s'écrasent sur la feuille qui sert d'abri aux trois complices. Pour ne rien perdre du parcours de la pluie, Yok-Yok, Noire et Josée cheminent vers la rivière, puis embarquent jusqu'au lac pour saisir, au fil des pages et de leurs rencontres, le cycle de l'eau, véritable source de la vie sur terre.

Et Delessert de renouer ici avec le genre qui lui est cher : une réflexion sur la nature qui, à travers ses différents niveaux de lecture, suscite un dialogue entre l'enfant et l'adulte-lecteur. Des moments de partage qui s'annoncent aussi doux que les courbes si caractéristiques du grand artiste…