Têtard veut qu'on rende le bébé

Après les contraintes de l’école et celles de la politesse, Têtard s’affronte à une nouvelle étape de sa vie d’enfant : accueillir un petit frère. Et quelle déception ! Il n’est pas aussi joli que Têtard l’avait imaginé. Il faut partager sa chambre avec lui. Ses pleurs et ses nombreuses heures de sommeil n’en font finalement pas un compagnon de jeu. Mais outre la déception, Têtard semble malheureux, injustement considéré. Ce bébé trop fragile pour que Têtard le porte, si extraordinaire pour mériter autant de cadeaux, tellement doué qu’il est outrageusement félicité, si important que maman lui consacre tout son temps …est décidément de trop dans la vie de Têtard. Il faut le rendre.
Mais papa et maman ont vite fait de rassurer ce grand frère déçu et mal aimé. On devient parents grâce à l’aîné, c’est avec lui que l’on s’engage dans ce chemin.
Comme dans les autres aventures de Têtard, Sylvie Jung fait se succéder le monologue réprobateur de l’enfant et celui rassurant de la mère accompagnée cette fois-ci par le père. La fin offre fidèlement une note positive, ici celle de l’amour parental et de la solidarité entre frères.
Le jeune lecteur sera certainement soulagé de réaliser que la jalousie est un sentiment ordinaire quand on devient grand frère ou grande soeur.
En choisissant le personnage du têtard malicieux, l’illustratrice Charlotte Légaut offre au jeune lecteur le moyen de s’identifier. Ses attitudes enfantines et son visage très expressif nous accompagnent à chaque page. Les images illustrent avec détails le propos du têtard. Le graphisme simple, très vif et coloré manque d’esthétisme. Pourtant la réalité des situations ne manque pas d’humour : quelle maman lectrice ne sourira pas lorsque la maman grenouille nourrit bébé tout en vidant le lave-linge, tout en écoutant l’aîné et lui promettant, devine-t-on, de jouer plus tard avec lui ?