Contes et Merveilles du Printemps

Que les hibernants sortent de leur terrier pour goûter à ces bienfaits printaniers ! Mario Urbanet a compilé des contes traditionnels « des quatre coins du globe » pour chanter la plus belle des saisons de l’année ! A leur lecture, comme dans cette histoire venue du Congo, l’air s’adoucit, la nature se réveille, la peau se réchauffe :

« Le jour du printemps, le Ciel procéda comme chaque année à son grand nettoyage. Levé tôt, il rangea nuages sombres, vents glacés, brouillards et flocons dans ses placards et sortit sa collection de couleurs les plus fraîches, rose tendre du matin, bleu pastel du jour, orangé lumineux du soir. Il prépara aussi ses vents les plus légers, ses petites giboulées, si utiles à faire germer les plantes… enfin toute sa panoplie du renouveau. » Une dispute mémorable (p. 44)

Partout, le printemps est célébré. Les bourgeons qui l’annoncent sont espérés, puis admirés. Seulement, et comme le rappelle La clochette d’argent de Corée (p. 19), cette saison ne serait pas appréciée à sa juste valeur si elle était perpétuelle et qu’on ne puisse la comparer :

« Et puis surtout, des arbres éternellement en fleurs ne produisent pas de fruits et des semis qui ne lèvent pas ne donnent pas de récoltes.
La terre, tout comme nous, a besoin de son rythme de vie. Le printemps pour les semailles et la germination, l’été pour produire, l’automne pour le pourrissement nourricier des feuilles et des fanes, et l’hiver pour le repos de la terre et le renouvellement de l’énergie. »

C’est toujours sur des paroles de raison – détachées graphiquement – que s’achèvent les neuf contes de ce recueil. Quatre illustrateurs se partagent sa mise en page. Leurs dessins rayonnants reflètent l’intensité des mots de l’auteur, allant jusqu’à envahir la page pour marquer une scène de nuit ou un ciel d’orage. Seules ombres dans ce ciel limpide : certaines illustrations pourront sembler enfantines en regard d’un texte qui ne s’adresse pas aux tout petits. La langue de Mario Urbanet est fluide, belle et entraînante, comme l’est souvent celle des grands conteurs.