Les chants de la lune noire (tome 3) - Là où voyagent les feux du ciel

Feu Hurleur et Fleur Ciel sont repartis à l'aventure. Ils rencontrent une nouvelle tribu, nombreuse, organisée, par laquelle ils sont facilement adoptés du fait d'une même croyance en Gi-Han le mammouth et Crô le loup blanc. Les deux jeunes apprennent à chasser les bisons, à faire du feu de manière différente, à écouter Lhôô, le petit homme difforme à la sage parole. Mais bientôt, un grand froid oblige le groupe à se déplacer jusqu'à la mer. Le chemin sera long et dur, et il faudra trouver d’autres modes d’existence.
Avec Feu Hurleur et Fleur Ciel, le lecteur continue d'avancer dans le temps. Les clans rencontrés sont davantage évolués, et nous sommes visiblement au début d'une période glaciaire. La psychologie individuelle des deux héros ne constitue plus le centre de l'histoire ; les façons d’être et les usages du groupe, vu comme une entité solidaire, sont privilégiés. Les pensées complexes et la parole élaborée facilitent la communication. Les outils de chasse et de vie sont adaptés, solides. Le chef sait écouter les conseils des autres, femmes y compris : un frémissement démocratique ? La religion a enfin une place assumée avec par exemple des rituels de la mort, des rêves prémonitoires… Tous ces éléments nous amènent doucement vers l’époque-même du conteur (l’artifice narratif d’un récit raconté, déjà utilisé dans les tomes précédents, est en effet conservé). Ce conteur s’adresse cette fois à deux enfants trouvés, qui devront partir, comme Feu Hurleur et Fleur Ciel, car ils sont génétiquement incompatibles avec ceux qui les ont recueillis. On imagine des branches s’éteindre, Sapiens Sapiens résister… De génération en génération, la légende – finalement l’histoire de l’homme - se transmet. Peut-être descendons-nous des enfants de Fleur Ciel ? La belle trilogie d’Yves Bulteau a su nous charmer par son écriture, poétique sans le vouloir, qui immerge le lecteur dans l’époque des héros, et elle s’achève avec délicatesse, sur une note à la fois triste et pleine d’espoir, à l’instar de la vie.