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Date de publication
Age-cible

La Théorie de la relativité

Sélection des rédacteurs
Roman
à partir de 14 ans
: 2844205194
10.50
euros

L'avis de Ricochet

A seize ans, Dylan est mis brutalement à la porte par sa mère. Il se retrouve dans la rue et en apprend rapidement les usages. Faisant la manche la journée, il ne pense qu’à manger et trouver un endroit pour dormir. Il a des ennemis (des bandes organisées qui profitent de la détresse des sans-abris), quelques amis aussi : Amber, prostituée enceinte, le déjanté Twitch, Jenna qui a fait une fugue et que Dylan aimerait protéger. Pris dans l’engrenage des jours qui se répètent, Dylan perd peu à peu tout espoir de retour à la normalité.

Dans sa façon d’aborder une thématique extrêmement dure, La Théorie de la relativité m’a beaucoup fait penser au fameux Junk de Melvin Burgess. La vie dans la rue est traitée crûment mais sans voyeurisme dans ses aspects les plus pratiques : avoir peur de sentir mauvais, trouver où poser son sac, se laver et s’asseoir dans la journée (la bibliothèque est un excellent refuge)… Les faits sont objectifs, sans commentaires. L’aspect le plus émouvant est sans aucun doute la façon obstinée dont la narrateur Dylan essaie de garder sa dignité, de ne pas se laisser prendre au piège du dealer et chef de bande qu’il a rebaptisé Vautour. Le lecteur le voit en frémissant s’enfoncer, perdre peu à peu mais fatalement la volonté de s’en sortir, allant jusqu’à refuser les mains tendues (« M’aider ? Aller à l’école ? Putain ! Il ne sait pas de quoi il parle. Je n’ai même pas un slip de rechange. Ni une savonnette. Je ne peux pas prendre un nouveau départ. Je suis trop crevé, bordel. », p. 253). Il ne perd jamais complètement contact avec la réalité et son passé rétrospectivement heureux : il s’inquiète de ses petits frères et revient voir plusieurs fois sa mère – personnage immature, implacable et trop révoltant pour n’être que de papier -, tente un retour vers son grand-père, découvre son père plus gamin que lui… Ces portes familiales auxquelles il se heurte lui semblent d’abord être les seules possibles, avant qu’il ne trouve un ultime et salutaire sursaut en lui, que le lecteur n’attendait plus. Dans un happy end sans joie, Dylan passe à l’âge adulte de la responsabilité, trop tôt, trop brutalement. La langue est violente, brève et sans atermoiements (excepté une explication un peu embrouillée à propos d’Einstein qui donne lieu à une sorte de métaphore), les personnages très crédibles même si tombant souvent à point nommé (le « sauveur » président d’une entreprise d’informatique). Sans écueils, La Théorie de la relativité est un roman cruellement réaliste qu’on aura du mal à ignorer, à mettre de manière intéressante en parallèle avec Sans Abri de Robert Swindells (Gallimard, collection Scripto).