L’Amour mauve

Dans la tristesse d’un hall d’aéroport, Colette rencontre Phil. Deux adolescents en partance pour le Sénégal, qui vont être amenés à faire un petit bout de chemin ensemble. Colette veut faire une surprise à son père qui est marin et doit bientôt faire escale à Dakar ; Phil quant à lui voyage pour rejoindre son maître de stage, Bob, un ornithologue souffrant de cécité. Lorsque le Breughel arrive au port, Jean le père de Colette n’est pas sur la passerelle mais à l’hôpital. A la suite d’une explosion dans la salle des machines, un jet de vapeur est venu blesser ses yeux. C’est la catastrophe qui laisse des traces, Jean perd la vue et s’enferme dans « un silence de poisson ». A travers le regard de sa fille, nous suivons le désespoir d’une famille, le trouble d’un homme privé d’horizons, la détresse d’une jeune fille. La découverte du malheur s’accompagne de l’apprentissage de l’amour pour Colette, qui se sent pour la première fois aimée. La pratique du parapente, les sensations fortes et le mépris du danger rapprochent Colette de Phil qui vont pourtant s’éloigner l’un de l’autre. Un jour, une greffe de cornée est envisageable pour Jean, un donneur compatible est là. Le capitaine va pouvoir de nouveau admirer les oiseaux qui le passionnent tant, les océans, les îles, les nuages et toutes les beautés de la nature. Mais le bonheur des uns fait le malheur des autres, c’est connu… Si Jean retrouve la vue, c’est grâce à Phil qui vient de mourir en faisant du parapente. On ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un trop de coïncidences dans cette histoire même si le texte montre sans pathos la vie et la mort et offre une belle aventure au lecteur. Pierre Coran réussit à créer une atmosphère très singulière dans ce roman tout en tension, qui dès le départ laisse présager des malheurs à venir. Rythmé par de courts chapitres, le récit évoque le temps compté, l’état d’urgence dans lequel vivent les personnages.