Le jour des oies sauvages

Adeline Ysac nous entraîne dans une histoire fort touchante de "petites boules et d'épines au ventre", "d'un cœur lourd de peine" celui d'Ange, un jeune garçon aux portes de l'adolescence. Ange épanche sa souffrance, il n'a que trois séances d'une demi-heure pour confier son histoire à la psychologue, Madame Martin-Lacaussade. Alors il parle, se libère tout en s'inquiétant du temps qui passe, des mots qui dénoncent et trahissent sa famille et de sa psychologue qui l'écoute sans juger. Son histoire, dans son petit village de Gironde, tout le monde l'a connaît mais personne n'en parle. Dans cette famille qui vit à l'écart, les cris résonnent, parfois les coups volent au rythme des humeurs d'un père imprévisible qui partage ses journées entre la télé, les bières et les bars. Avec une mère un peu paumée et une sœur envoyée dans un foyer, Ange résiste refusant autant que possible les confrontations et trouvant du réconfort dans l'observation de la nature et chez de vieux voisins. Le récit mêle dialogue et états intérieurs. Au fil des pages, la souffrance se dit peu à peu avec des mots simples magnifiquement imagés, entre les lignes au départ, à travers les silences et par l'écho de sa voix intérieure. Autour d'une réalité un peu sombre, Adeline Ysac nous invite à une séance de psychothérapie tout en offrant une note d'espoir à travers les oies sauvages, celles qu'Ange voudrait suivre, celles qui lui permettent de garder la tête hors de l'eau avant que lui aussi puisse prendre son envol.