Mercredi Mensonge

Christian Grenier signe ici un roman sobre et émouvant, entre histoire d’amour et vieillesse, entre vérité et mensonge sur la vie. Voici une rentrée qui va bouleverser la vie d’Isabelle, la narratrice. Une histoire de mort, celle du grand-père, Constant, quatre-vingt-douze ans, ancien « patachon » et « souffleur de théâtre ». Une histoire de naissance aussi, celle d’un petit-frère dans quelques mois. Mais avant ces évènements, il y a la vie avec ces petits riens, à la fois tendres et joyeux, irritants et bas. D’abord un rituel immuable : tous les mercredis à midi, Constant rend visite à ses enfants et à sa petite fille. Puis cette annonce : la mutation de Vivien, le père, à Lyon pour y enseigner. Mais comment partir sans abandonner le vieil homme. La décision est prise : ne pas lui dire et continuer à le voir tous les mercredis. Ce mensonge doit cependant être calculé ; il faut monter un subterfuge avec les nouveaux locataires de l’appartement parisien, faire des aller-retour entre la ville d’aujourd’hui et celle d’hier, faire comme si le déménagement ne s’était jamais passé. Toute la famille entre dans ce mensonge et se laisse entraîner dans ce cercle vicieux. Isabelle va peu à peu être déchirée entre ces deux vies : d’un côté l’adolescente souffre de sa sépration avec son ami de classe, Jonathan, d’un autre côté, elle ne peut se résoudre à quitter son grand-père. Les derniers chapitres sont particulièrement émouvants (en particulier la discussion entre Constant et Isabelle). « S’aimer, ce n’est pas s’aimer beaucoup, mais longtemps », écrit Christian Grenier en fin d’ouvrage. Un récit particulièrement bien construit et bouleversant, entre nostalgie et apprentissage de la vie.