Schmélele et l’Eugénie des larmes

Dire que le dernier album de Ponti est drôle, haut en couleurs relève de la lapalissade. Pourtant, Schmélele (prononcez Shmé-leu-leu, comme on nous le recommande au début de l’album) a de quoi se faire du souci. A force de travailler, ses parents rétrécissent puis disparaissent. Commence alors un long voyage initiatique pour Schmélele qui, aidé des Eugénies et de sa porte de maison Bâbe, ( prononcez Bab) est prêt à affronter l’Empêcheur, monstre au « ronbidon poilu » et au « grodos velu », effrayé par les éclats de rire qui se plantent dans son corps comme autant de petites aiguilles. Bien sûr, on retrouve avec bonheur le personnel habituel de Ponti ( n’aperçoit-on pas au détour d’une page un poussin ?, des larmes ) et on fait de nouvelles rencontres qui nous semblent pourtant avoir toujours fait partie de nos connaissances ( la maison-qui-pleure, les animaux tristes). Que dire aussi de certaines pages qu’il faut contempler comme des tableaux ( surréalistes ?), la carpe Hédième entourée d’un ciel de gâteaux et de bonbons, chouchoutée par mille nounours (non, je ne les ai pas comptés !), bercée de fleurs, accompagnée de fourmis liseuses (de Fables de la Fontaine ?) et de personnages-biberon. Comme toujours, le lecteur est sollicité : à partir de quand remarque-t-il cette petite tasse de café que Schmélele déguste à la fin de l’album alors qu’elle parcourt tout l’album avec lui ?
Si l’album évoque beaucoup les larmes, c’est chez le lecteur celles du bonheur et de la poésie. Tendresse et jeux de mots sont habilement liés. Qui n’a jamais rêvé de la maison qui finit par se dresser devant Schmélele ?
Un pur moment de plaisir !