Au bonheur des monstres – Chroniques de Pont-aux-rats tome 1

Arthur et Bon-Papa vivent dans les sous-sols de Pont-aux-Rats. Régulièrement, Arthur remonte à la surface, la nuit, pour prendre quelques fruits et légumes dans les grands jardins. Une nuit cependant, alors qu’il survole la ville avec ses ailes mécaniques, il surprend une chasse aux fromages, strictement interdite ! Il suit les braconniers, mais se fait repérer. Un horrible personnage, nommé Grapnard, lui vole ses ailes. Aidé par un bricoliau (petit personnage entouré de carton), il trouve refuge chez un avocat à la retraite, Willbury Chipott. Sa maison héberge déjà trois bricoliaux et un choutrogne (créature souterraine vouant un culte au chou), et tout ce petit monde accueille Arthur chaleureusement. Cependant, le lendemain, un tour de la ville leur apprend que tous les accès à l’en dessous ont été bouchés. Plus grave encore : Mélanie l’inventrice s’est fait voler sa dernière création : une redimensionneuse. Dans le même temps, les Ratipontaines chics s’arrachent le dernier gadget à la mode : des mini-bricoliaux… Etablissant leur QG à bord d’un bateau pirate reconverti en laverie, Arthur, Willbury, Mélanie, les bricoliaux, les choutrognes, les anciens pirates et les rats partent à l’assaut du Castel Fromager, détenu par Grapnard et ses acolytes, et qui renferme une créature terrible…Tout cela risque de finir en fondue !!

Quelle imagination ! Ce roman est peuplé de créatures plus inventives et improbables les unes que les autres, de lieux inédits et de situations invraisemblables. Un pantin talkie-walkie, des mini-vaches aquatiques, des fromages sauvages… Le tour de force de ce roman est de rendre cet univers crédible et vivant.
Les illustrations de l’auteur peuplent les pages, évitant ainsi la description de chaque bizarrerie. Les dessins au crayon sont non seulement très réussis, mais franchement tordants. Chacun est accompagné d’un extrait du texte, donnant un petit côté rétro à l’ensemble.
Alors que de nombreux auteurs ancrent leurs récits fantastiques dans la nature, Alan Snow choisit un monde très urbain, industriel même, bien assorti à ses illustrations. Au lieu d’elfes et de fées, nous avons affaire aux bricoliaux, responsables des canalisations et fans d’outils, et à « L’homme aux chaussettes de fer ».
Le vocabulaire et l’écriture sont aussi inventifs que l’histoire, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de romans fantastiques pour la jeunesse.
L’intrigue est riche et pleine de rebondissements, malgré quelques répétitions toutefois (Arthur est attrapé, réussit à s’enfuir avant d’être repris), le suspens est bien mené.
Derrière le fantastique, Alan Snow se permet quelques impertinences qui ne sont pas sans rappeler Roald Dahl. Les ratipontaines veulent toutes suivre les dernières tendances de Parii, et exposent d’énormes derrières aux formes géométriques.
On ne peut que conseiller la lecture de ce bijou d’imagination et d’inventivité à partir de 9 ans et bien au-delà.
Les droits ont d’ores et déjà été achetés par Henry Selick, réalisateur de L’Etrange Noël de Mr Jack et de James & la pêche géante, en vue d’en faire un film d’animation.
Le tome 2 devrait paraître prochainement outre Manche.